Etienne Rémond, DRH de Pizza Hut, doit faire face à un turn-over de 100%:

«Rendre nos postes plus attractifs»

Le 17 janvier 2000




 

Depuis quand avez-vous chez Pizza Hut des difficultés à embaucher ?
Pratiquement depuis un an, depuis que la reprise est là. Avant nous n'avions pas besoin de publier des offres d'emploi. Des affiches placardées sur les vitrines des restaurants suffisaient. Aujourd'hui nous commençons à avoir du mal à recruter sur des postes d'employé. Sur des postes d'encadrement, c'est encore plus problématique. La concurrence entre les entreprises, voire les secteurs, est de plus en plus grande. La grande distribution est dans la même situation que nous. Nous recherchons les mêmes profils : des jeunes dynamiques, de niveau bac + 2 ou bac + 3.

Comment y remédier ?
Nous avons augmenté notre budget recrutement de 20 à 30 %. Nous communiquons tous azimuts, nous nous rendons dans les écoles pour nous faire connaître. Mais tant que nos conditions de travail resteront inchangées, nous n'inverserons pas la tendance. Nous avons réalisé une étude auprès de nos jeunes cadres, ils aiment ce boulot mais disent qu'il leur demande trop de sacrifices. Non seulement personne ne se bouscule pour venir travailler dans le secteur, mais les gens ne restent pas. Notre turn-over est de 100 % par an sur les postes d'employé et de 20 % sur les postes d'encadrement.

Que faites-vous pour rendre les postes plus attractifs ?
Nous sommes en train de lancer un «programme national de reconnaissance des employés» assorti d'une série de formations. La réduction du temps de travail, appliquée depuis novembre, va aussi nous aider à rendre nos métiers plus attractifs.
Nous essayons aussi de repenser l'organisation du travail. A Paris, nous avons supprimé la coupure de 15h à 18h, ce qui nous permet de proposer aux gens des emplois plus «normaux». Et puis nous tentons aussi de trouver à nos temps partiels, majoritaires, des compléments d'activité. Nous avons un accord avec le transporteur Cariane. Lui a besoin de chauffeurs de car le matin tôt et dans l'après-midi. Nous, nous livrons plutôt nos pizzas entre midi et 14 h, et le soir. Une dizaine de nos salariés ont opté pour ce double emploi. C'est une manière de les fidéliser. Nous recherchons d'autres partenariats de ce type. Et puis, nous travaillons aussi à améliorer la promotion interne, à coups de formations. Nous avons aussi revu notre politique de rémunération. Désormais, même les assistants managers ont un bonus annuel qui peut représenter jusqu'à 25 % du salaire.

Recueilli par ANNE FAIRISE